Économie verte : des sacs en papier recyclés au Bénin

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Économie verte : des sacs en papier recyclés au Bénin

Le Bénin célèbre la journée mondiale sans sac plastique, mardi 3 juillet, après avoir interdit l’utilisation, une semaine avant, des sacs en plastique non biodégradables.

Entretien avec Henri Totin, fondateur de Jeunesse et emplois verts pour une économie verte (JEVEV).

La Croix : Une loi interdisant l’utilisation de sachets en plastique non biodégradables est entrée en vigueur au Bénin le mercredi 27 juin. Ce tournant en faveur de la protection de l’environnement a-t-il des effets concrets sur des producteurs et des consommateurs ?

Henri Totin : Quelques années seront nécessaires pour rendre effective la loi portant interdiction de la production, importation, commercialisation et utilisation de sachets en plastique non bio dégradables en République du Bénin.

La raison fondamentale de ce délai repose sur la rareté des usines qui produisent des sachets plastiques biodégradables : le pays n’en compte que deux, situées dans des départements isolés.

Pour accompagner la loi, le Bénin s’est donc ouvert aux entreprises privées étrangères (française, canadienne, allemande…). Leur production sera soumise au contrôle de la Direction générale en charge de l’environnement du Bénin avant la commercialisation sur le marché béninois.

Qu’entendez-vous apporter, avec Jeunesse et emplois verts pour une économie verte (JEVEV) dans le projet d’un Bénin « zéro sachets plastiques » ?

H. T. : Nous proposons des pratiques et des alternatives par l’enseignement des techniques de production artisanale des emballages en papier recyclés, moins onéreuse et plus écologique. Nous avons, pour cela, des points focaux dans toutes les régions à partir de la vallée de l’Ouémé au sud-est du pays.

Avez-vous des partenariats avec d’autres structures (étatiques ou privées) dans la lutte contre cette pollution ?

H. T. : Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement depuis la rédaction de la loi en novembre 2017 à travers l’opération « Bénin zéro sachet plastique » qui s’articule en trois phases.

La première phase porte sur la sensibilisation des populations cibles, notamment en milieu commercial et scolaire. La deuxième concerne l’émergence d’alternatives à l’utilisation des sacs plastiques, à travers la tenue de formations ou de journées portes ouvertes. La troisième consiste en la mise en place des pratiques de production artisanales des emballages.

Ce partenariat est une vraie opportunité pour appuyer et pérenniser l’action du gouvernement en matière d’économie verte, à la suite de pays comme le Rwanda, le Kenya, le Maroc, etc.

Existe-t-il des freins à cette politique environnementale ?

H. T. : Certaines grandes entreprises productrices de sacs non biodégradables installées dans les pays voisins, comme au Nigeria, pays qui n’a pas de législation régulatrice en la matière, peuvent freiner la mise en application de la loi béninoise. Nous souhaitons ainsi que le gouvernement mette en place un système de contrôle aux frontières.

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Des millions de tonnes de déchets plastiques

– Au niveau mondial, au moins 8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans chaque année.

– En Afrique, 4,4 millions de tonnes de plastiques se retrouvent dans les mers et océans chaque année.

– Au cours de la dernière décennie, quinze pays africains ont interdit l’utilisation des sachets en plastique non biodégradables : Kenya, Sénégal, Gabon, Cameroun, Togo, Burkina Faso, Mali, Côte d’Ivoire, Rwanda, Maroc, Afrique du Sud, Tanzanie, Ghana, Mauritanie et Bénin.

Interview par le site www.la-croix.com, recueilli Jean-Paul Musangania

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